Loup Blanc Administrateur

 Messages : 924 Age : 76 Lieu : Saint-Claude (Jura) Inscription : 31/05/2006
 | Sujet: Notre Dame de Toute Grace - Le Plateau d'Assy (74) Lun 31 Mai 2010 - 7:58 | |
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Face au Massif du Mont-Blanc, au Plateau d'Assy, au dessus de Sallanches, s'élève: Notre Dame de Toute Grâce Dans la première partie du XX siècle, sur la commune de Passy (74), au lieu dit: Le Plateau d'Assy, on comptait plus de 20 sanatoriums. Certains d'entre eux avaient une petite chapelle, dans les autres, les malades recevaient la visite d'aumôniers. Il n'y avait pas d'autres lieux de culte pour les malades et leurs soignants.

C'est alors que le chanoine Jean Devémy, aumônier dans un sanatorium, reçoit de l'évêque d'Annecy, la mission de faire bâtir une église. Il s'adresse à un architecte local, né à Thonon, Maurice Novarina qui de 1937 à 1939 exécute une église simple, une apparence de chalet savoyard dominé par un clocher massif, à base carrée, et de 24 m de hauteur, réalisée avec les matériaux du pays, des pierres grises, du bois et de l'ardoise. Le gros oeuvre est terminé juste avant la déclaration de guerre.

Il reste pour le chanoine Jean Devémy à trouver les idées pour la décoration de cette église et en faire ce que l'on appellera: Le Renouveau de l'Art Sacré au XX siècle. Grâce à l'un de ses amis, Marie Alain Couturier, père Dominicain, artiste lui-même, le chanoine s'adresse alors aux artistes les plus célèbres de l'époque.
Tout d'abord, derrière les colonnes du porche de l'église, "les litanies de la Vierge" une oeuvre magistrale de Fernand Léger, recouvre la totalité du mur de l'édifice. Les lourdes colonnes de granit vert, par un contraste calculé, servent à faire valoir en contrepoint l'admirable mosaïque de Fernand Léger qui réchauffe, éclaire et fait rayonner la façade.




Puis à peine franchi le petit narthex, un bénitier en marbre de Carrare, oeuvre récente de Benoit Coignard (1994), nous accueille. Dans le marbre, sont gravées en écriture hébraïque, les premières paroles de la Genèse

Mais, en levant les yeux vers le chœur, une oeuvre de visionnaire vous apostrophe et vous fascine.



D'après des cartons de Jean Lurçat, une immense tapisserie (4.50mx12.40m) dite de l'Apocalypse selon Saint Jean, habille tout le choeur de l'église.

La Femme combat le dragon entre l'Arbre du Paradis Terrestre et l'Arbre de Jesse. C'est une explosion de couleurs dans une structure de noirs et de blancs.

Revenons un instant sur les travaux de Maurice Novarina, qui réalisa pour la nef, un plafond à caissons en chêne de Bourgogne. Les huit jambes de force de la charpente en chêne de Hongrie, ont été sculptées par Constant Demaison et représentent Moïse et Isaïe, les quatre évangélistes ainsi qu' Irénée de Lyon et Bernard de Clairvaux.

Terminée en 1947, l'église est consacrée en 1950, et ce n'est que 54 ans plus tard qu'elle est inscrite à l'Inventaire des Monuments Historiques.
Tournons nous vers les Fonds Baptismaux où nous attend Marc Chagall avec une magnifique fresque montrant Moïse, et la traversée de la mer Rouge.

Devant la mosaïque, se dresse la cuve baptismale de Carlo Sergio Signori toute en courbes et en marbre de Carrare.

Juste à coté du baptistère, trône un bronze de Jacob Lipchitz: "Notre Dame de Liesse" dédié à la bonne entente des hommes sur la terre.

La décoration de l'autel du Saint-Sacrement, situé sur la gauche du chœur a été confiée à Henri Matisse, cette céramique jaune au trait noir d'une très belle sobriété représente Saint Dominique. Sous cette céramique, Georges Braque avait sculpté la porte du tabernacle. Celle-ci fut volée, jamais retrouvée, elle fut remplacée par une copie.


Le pendant de cet autel, à droite du chœur a lui, été décoré par une huile sur toile de Pierre Bonnard représentant Saint François de Sales.

Entre les deux, sous la tapisserie est installé: Le Christ en Croix, un bronze de Germaine Richier qui a métamorphosé le métal en un homme de douleur pétri par la souffrance. "Ayant aimé les siens, il les aima jusqu'au bout" (Jean XXIII, 1)
Cette sculpture a fait couler beaucoup d'encre. Une polémique a même conduit au retrait de l’œuvre pendant quelques temps puis à sa présentation dans un coin moins noble de l'église. Elle a heureusement repris la place qu'elle mérite.

Il restait à habiller aussi les ouvertures. Georges Rouault fut un des premiers artistes contactés par le chanoine Devémy et par le père Couturier. Georges Rouault, considéré comme le plus grand peintre religieux du XX siècle, a fait son apprentissage chez un peintre sur vitraux. Il disposait de quatre oeuvres qui s'adaptaient parfaitement aux dimensions des fenêtres de l'église en construction, il en fit cadeau au chanoine Devémy.

Sur le vitrail représentant l'image de Ste Véronique, on reconnaît la fille du peintre.




Depuis l'extérieur, sous le chœur, on peut accéder à une petite crypte. On y découvre une peinture de la Cène due à Ladislas Kijno, peintre français né en Pologne.

et devant cette peinture, un tabernacle et un Christ en Croix en bronze de Claude Mary, élève et assistante de Germaine Richier.

Tandis que deux mosaïques de Théodore Stravinsky, représentant Sainte Thérèse de Lisieux et Saint Joseph se font pendant.

Le visiteur voit les vitraux à l'effigie de saint Raphaël ou sainte Thérèse, eux-mêmes touchés par la maladie. Il se console auprès de la Vierge qui l'accueille. Mais chose étonnante, aucun miracle n'est représenté. Je crois qu'Assy porte un message empreint d'humanité. Elle nous dit: "Venez prier, vous, les souffrants, vous n'êtes pas seuls."
Un dernier point, malgré tous ces chefs d'oeuvres, ce n'est que le 11 juin 2004 que Notre Dame de Toute Grâce a été inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques.
Pour vous permettre de bien situer tous ces chefs d'oeuvre, voici un plan de cette église exceptionnelle.

La leçon d'Assy

René JV, les 6 et 15 mars 2007 Photos René JV - 28 octobre 2000 - 15 mars 2007
: Bach, choral n°41 bwv 640 - Jean-Christian Michel, clarinette.
Je tiens à préciser que ce site est entièrement bénévole, il n'a pas d'autres raisons d'exister que celle de faire connaitre au plus grand nombre les beautés du monde qui nous entoure. Aucun souci mercantile ne m'anime lorsque j'écrits les lignes ci-dessus. Le "Beau" doit être montré et apprécié surtout lorsqu'il a fait l'objet de dons à une église ouverte à tous. Merci au diocèse à qui appartient cette église de le comprendre et de l'accepter. RJV, le 16 août 2008 |
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