
Vers 1864, M. Moinat, propriétaire du café du Paradis à Nantua eut l'idée d'utiliser pour son établissement la glace très pure qui recouvrait chaque hiver le lac de Sylans.

La construction au Nord-Ouest d'une première maisonnette en bois va constituer le point de départ d'une exploitation de glace naturelle dont l'essor va durer une cinquantaine d'années.


Rapidement rentable et intéressant de plus en plus d'utilisateurs, l'activité se développa et M. Moinat stocka la glace récoltée jusqu'en été dans de nouveaux bâtiments en bois réalisés avec une double paroi séparée par un mètre de sciure pour assurer l'isolation.

En 1885, il vend son affaire à la Société des Glacières de Paris; la construction des bâtiments se poursuit, d'abord en bois puis en pierre.

Lors de la création de la voie ferrée Bourg en Bresse-Nantua par le Chemin de Fer des Dombes, un embranchement permit de relier directement l'usine, facilitant le transport et amplifiant de ce fait la production.
De 20 à 30 wagons de 10 tonnes partaient tous les jours pendant l'été pour Paris, Lyon, Marseille, Toulon et même Alger. Dans les années 1880, les glacières fournissaient en moyenne 300 000 tonnes par an.

La fabrication de la glace artificielle dans les années 1900, des hivers moins rigoureux de 1911 à 1913, puis la période de la première guerre mondiale vont mettre un terme à cette exploitation. L'activité cessa en 1917, les bâtiments seront définitivement abandonnés en 1925 et cédés à des particuliers. Aujourd'hui ne subsistent que quelques vestiges de cette activité qui constituait l'un des plus importants "chantiers de glace" du XIX siècle.



Un peu de technique.La récolte de glace s'effectuait dès que la surface glacée du lac atteignait 15 cm. Un chenal était creusé sur toute la longueur du lac permettant d'acheminer des bandes de glaces de 10 m x 4 m jusqu'aux glacières. Elles étaient découpées en blocs d'un mètre carré puis déposées dans des salles de stockage grâce à des dragues, sorte de tapis roulants actionnés par des machines à vapeur.


L'exploitation occupait jusqu'à 300 personnes essentiellement des cultivateurs des alentours. Ils étaient informés du début de la récolte par la présence d'un drapeau hissé sur les bâtiments visibles depuis les villages surplombant la vallée.
Les outils d'extraction.Bêche à dents plates, appelée aussi " berce ", servant à découper la glace peu épaisse.

Scie munie d'une poignée et lestée. Manœuvrée par deux hommes, elle permettait de couper la glace épaisse.

Outils servant à déplacer les blocs de glace découpés.



Rémy JV le 5 Avril 2009
Photos couleurs:

Rémy JV - 3 Avril 2009

: Vintage - Jean-Michel Jarre.