La Mainmorte, je vous en ai déjà parlé, c'est le petit hameau où j'habite.

Dans la première de ces maisons quand on arrive de St-Claude par le CD 304, vit un couple de retraités,
les époux Pontarollo.
Lui, Daniel, c'est déjà fait connaître dans le monde artistique sous le nom de Duilio. Il fait naître, en sculptant la terre, des statuettes inspirées de Mayol.
Elle Gabrielle, commence à acquérir une maîtrise certaine dans l'art du vitrail.
C'est à deux pas, je vous invite à leur rendre visite et à les voir travailler.
Le Goulairon.



Daniel Pontarollo est né en Vénétie en Italie en 1922.
† 2010 à Saint-Claude.
Baptisé sous le prénom de Duilio, il arrive en France à l'âge de deux ans. A sa retraite il s'oriente vers le modelage et la sculpture de la terre et reprend son prénom d'origine comme nom d'artiste.
Lorsque vous rencontrez Duilio, une des premières choses qu'il vous confie, c'est qu'il ne sait pas dessiner. Il imagine une image, la visualise dans sa tête et ses mains la font jaillir de la glaise.
La glaise, c'est de l'argile noire le plus souvent, broyée, épurée, boudinée.
Duilio l'achète sous forme de blocs soigneusement emballés pour leur conserver l'humidité indispensable au modelage. L'artiste y prélève la quantité nécessaire à l’œuvre envisagée.

Une des premières opérations consiste à malaxer la terre pour lui donner la souplesse nécessaire à l'ébauche de la statuette.



Puis l'artiste se révèle et de ses mains magiques commencent à naître les premières formes de la femme en chair que Duilio affectionne plus particulièrement.

A l'aide d'outils très rudimentaires, un petit grattoir en buis et une petite spatule le sculpteur apporte la finition requise à son œuvre. Une extrémité du grattoir comporte des petites dents qui vont permettre en particulier la création de la chevelure de la femme.
L’œuvre est maintenant terminée, elle devra patienter pendant un mois au moins à température ambiante afin de sécher.



Puis, une fois sèche, c'est le moment délicat de la cuisson au four à 950°C pendant environ neuf heures. Ce temps écoulé, il faut encore attendre que la température intérieure retombe à 20°C avant d'ouvrir la porte en limitant ainsi les chocs thermiques et les risques de casse.

Vous ne verrez pas la dernière intervention réalisée par Gabrielle et qui consiste à patiner les pièces selon une méthode qui lui est propre et dont elle ne veut pas divulguer le secret.



Chaque pièce réalisée par Duilio est unique. La plupart sont des corps féminins, ces créations ont valu à l'artiste plusieurs récompenses lors de concours régionaux et d'expositions temporaires. Trois premiers prix à trois concours consécutifs ont été obtenus à Lons le Saunier (Jura) et deux à Pontarlier (Doubs).

Duilio ne se cantonne pas uniquement à ce type d’œuvre, il réalise également de nombreuses autres sculptures d'inspirations très diverses.


(Collection personnelle RJV)
Il me reste à remercier chaleureusement notre hôte sculpteur, et à le féliciter pour son travail, sa convivialité et son accueil.


Pendant que son mari pétrit la terre, son épouse Gabrielle bat le plomb, coupe le verre, assemble et soude.


Gabrielle a suivi en Normandie, quatre stages de formation auprès d'un maître-verrier qui lui a insufflé sa passion.
Son mentor lui a communiqué la méthode "cathédrale", sertie au plomb et dite de la vieille génération.
Cette méthode requiert un minimum de technique et de patience.
Pour exercer son art, Gabrielle utilise de nombreux outils:
Coupe-verre, Pinces, Couteau à sertir...

Sertisseur, brosse en poils de blaireau, petit marteau...

Fer à souder et clous spéciaux pour ne pas ébrécher le verre.

De même, Gabrielle met en œuvre différentes matières.
Du verre de toute couleur teinté dans la masse, du plomb profilé en H ou en U, divers oxydes.

Chez Gabrielle, le dessin est inné. Ce don lui permet d'échapper à la traditionnelle mosaïque de verre, et de l'agrémenter en y insérant des dessins.

Écoutons Gabrielle nous parler de son travail.


Il faut savoir qu'entre chaque couleur, le verre doit subir une cuisson à 650°C. Ainsi, les oxydes le pénètrent et deviennent indélébiles.
Il ne reste plus alors qu'à assembler mosaïque et peinture pour obtenir l’œuvre finale.

D'autres sujets se prêtent bien sûr à cette technique...



Gabrielle se laisse guider par son imagination pour la réalisation d’œuvres originales au style très épuré.



C'est tout aussi sincèrement que je voudrais ici remercier Gabrielle pour le temps qu'elle nous a consacré à nous faire partager sa passion.
