A la Combe du Lac, à la sortie de Lamoura (39) et en direction des Rousses,

arrêtons-nous à:
La Poterie Guibert
Raymond Guibert est né il y a près d'un demi siècle non pas dans le Jura mais en Puisaye haut lieu de la poterie de grès. La Puisaye c'est une région de Bourgogne entre l'Yonne et la Loire qui est réputée pour sa terre à poterie. (Musée du grès de Puisaye à St-Amand en Puisaye - Nièvre).
Son épouse, également originaire de la Nièvre, et lui sont venus une première fois dans le Jura en temps que moniteurs de colonie de vacances; puis le charme Haut-Jurassien a agit et ils se sont installés à Lamoura.

Pour assurer 60% de la production de l'atelier, nous avons besoin de trois éléments:
- La Terre, une argile grise provenant de La Puisaye en Bourgogne;
- Le Tour, électrique , sur lequel est centrée la balle de terre;
- Le Potier et son savoir faire présent dans cet atelier de grès émaillé depuis 1982.


Raymond va tourner pour nous une pièce destinée à faire un saladier. La quantité d'argile nécessaire à l'obtention d'une pièce bien définie est connue. Chaque fois que l'on voudra reproduire une pièce similaire, la quantité de terre sera soigneusement pesée.
La terre est centrée sur la girelle:




Une fois la forme ébauchée avec les mains soigneusement mouillées pour bien glisser sur la terre, il reste à lisser les parois à l'aide d'un racloir et d'une éponge.



Sur le tour, Raymond Guibert peut donner forme à toute sorte de pièce de révolution, basse ou haute.
Voici la confection d'une bouteille:




La pièce terminée est détachée de son support quand cela est possible à l'aide d'un fil ou d'une spatule, dans le cas d'un objet à fond large c'est la girelle même qui se détache du tour afin de stocker les pièces pour un séchage de l'ordre de trois à huit jours.



Souvent dès le lendemain, ou dès que la pièce est manipulable sans être dure, le potier reprend à l'envers sa production pour réaliser un fond le plus plat possible, et authentifier l'objet par la pose d'un tampon certifiant l'origine du produit.

C'est aussi le moment de poser les accessoires de finition lorsque la pièce en comporte; des anses par exemple.



Maintenant on ne touche plus et l'on est patient pendant huit jours environ, le temps que les pièces sèchent.

Une fois ce temps écoulé, notre potier va faire appel à un nouvel élément; après l'eau et la terre il doit maintenant maîtriser le feu.
C'est dans un four à gaz que va s'opérer la cuisson de la terre.
A l'intérieur du four, la température de 980° est atteinte en huit heures Puis après avoir coupé le chauffage, le four refroidit pendant douze heures.

Les poteries ainsi obtenues sont appelées "biscuits", la couleur de la terre est passée du gris au blanc rosé.

A ce stade, les poteries cuites sont poreuses et terriblement fragiles.
Pour les imperméabiliser, Raymond va devoir les recouvrir d'une fine pellicule d'émail par trempage.
Cet émail est constitué de silice, de kaolin, de feldspath intimement mélangés à de l'eau.



Ce local est la caverne d'Ali Baba, c'est là que notre artisan stocke les différents oxydes métalliques. Le chrome pour le vert, le fer pour le marron, le cuivre pour le rouge, le manganèse pour le noir et bien sûr le cobalt pour le bleu. Leur mélange est top secret, c'est là que réside tout le côté artiste du créateur.

Dans sa petite cabine de peinture, Raymond va pulvériser au pistolet les différents oxydes qu'il aura sélectionnés en fonction de sa production.




Pour passer de la théière de droite à la belle bleue d'enfer à gauche, il va falloir retourner faire un petit séjour au chaud.

C'est à 1 300° C, pendant huit heures que va se produire l'ultime alchimie.
La couleur va se révéler mais on ne pourra la découvrir qu'après douze heures de refroidissement.
On charge à nouveau le four en prenant garde à ce que les pièces ne se touchent pas entre-elles.




C'est pendant cette ultime cuisson que la fusion du sable et des colorants va former sur les poteries une sorte de glaçure qui les rendra imperméables, utilitaires, faciles à nettoyer, agréables à l'œil et surtout de qualité alimentaire, car les émaux sont garantis sans plomb.

On peut également cuire dans un four à bois, à l'extérieur de l'atelier. On y enfourne des pièces qui ne sont émaillées qu'à l'intérieur pour des raisons alimentaires et de facilité de nettoyage. Pendant les vingt heures nécessaires pour atteindre la température de 1 300° C, Les flammes lèchent l'extérieur des poteries y déposant des cendres qui vont donner à la fournée sa couleur irrégulière rappelant les cuissons traditionnelles d'antan.


Mais c'est dans la salle d'exposition que tous ces objets prennent leur vraie valeur.
C'est dans cette show-room que l'on va faire appel au quatrième élément, l'air.
L'air du temps bien sûr, car c'est un peu en fonction de la mode et des tendances que l'artiste devra adapter ses productions.



Regardez la photo de droite, vous reconnaissez le vinaigrier qui attendait ses anses avant la première cuisson?












Il vous reste à faire votre choix, sachant que ces poteries ne doivent jamais être mises en contact direct avec la flamme mais que toutes peuvent être utilisées quotidiennement en lave-vaisselle.
Quant à moi, je voudrais remercier tout spécialement Raymond Guibert et son épouse pour le temps qu'ils m'ont consacré.
Merci à Raymond pour la qualité de son accueil, à l'image de ses créations.

