Loup Blanc Administrateur
Messages : 924 Age : 78 Lieu : Saint-Claude (Jura) Inscription : 31/05/2006
| Sujet: 002 - St Claude (39) La cathédrale des Trois Apôtres (St Pierre, St Paul, St André) Ven 11 Aoû 2006 - 11:03 | |
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L'Abbaye de St Claude a exercé au cours des siècles passés, une très grande influence tant spirituelle que temporelle sur ses terres du Haut-Jura. Je vous invite à visiter ce qui reste aujourd'hui de cette suprématie d'antan. La Cathédrale des trois Apôtres
La cathédrale Pierre, Paul et André, appelée communément Cathédrale St-Pierre est une église fortifiée dont la construction commencée tout à la fin du XIV ème siècle se poursuivit sur près d'un demi siècle.
Sur une gravure du XVIII éditée dans l'ouvrage de Don Benoit qui fait référence pour l'histoire de l'Abbaye de St Claude, la cathédrale est représentée inachevée.
Ni historien, ni architecte, je ne voudrais pas vous abreuver de descriptions savantes sur ce bâtiment et encore moins vous narrer par le détail son histoire à travers les siècles. Je me contenterai de vous montrer par mes photos les points essentiels de cette très belle église, vous laissant le soin si vous le voulez de consulter les nombreux ouvrages qui traitent de cette cathédrale et qui sont beaucoup plus documentés que je ne puis l'être.
Vue de l'extérieur, cette cathédrale (siège épiscopal depuis 1742) présente bien toutes les apparences d'une forteresse.
A l'est, l'abside est articulée de puissants contreforts couronnés d'échauguettes. Les verrières sont hautes, l'aspect est massif, bien que d'inspiration gothique, point ici d'arcs-boutants palliant à la minceur des murs. Lors de la construction on n'a pas économiser la pierre calcaire jurassienne. Certains murs atteignent une épaisseur de quatre mètres, d'autres se contentent de trois mètres.
Des flèches surmontant les quatre tours d'angle de l'édifice original sont surmontées de flèches qui viennent donner un peu d'élan à cet ensemble trapu.
A l'ouest, la façade fut édifiée au XVIII ème siècle. Cette construction agrémentée de quelques têtes d'angelots est sans rapport avec l'esprit de l'édifice. La seule concession au style gothique du reste de l'édifice est le percement des trois fenêtres centrales en arc brisé.
Traversons le portail et allons visiter l'intérieur.La Nef
Large de près de 14 mètres entre des colonnes octogonales de 7 mètres de circonférence, la voûte plafonne à 25 mètres au-dessus des fidèles.
De part et d'autre de cette nef centrale, se situent deux collatéraux qui conformément aux lois architecturales n'excèdent pas plus de la moitié de la largeur du vaisseau central, mais dont la hauteur est sensiblement égale au reste de l'édifice. Cette unité de l'espace intérieur permet d'apparenter la cathédrale St Pierre au type d'église-halle.Le collatéral sud
Le collatéral nord On peut remarquer l'extrême dépouillement de la décoration de cette église. Rien n'entame la nudité du mur, ce qui impose un effet de robustesse et de qualité. L'appareil est constitué de grandes pierres, soigneusement taillées et ajustées.
Presque par exception, à l'extrémité nord ouest de ce collatéral nord, on découvre un magnifique retable.Le retable de Pierre de la BaumeOffert à St Claude en 1533 par Pierre de la Baume (ancien évêque commanditaire de St Claude, élu archevêque de Genève en 1523, il en fut chassé par la réforme), cette œuvre magnifique, qui ornait autrefois le maître autel est un hymne à la gloire de St Pierre et un rappel de la place de l'Église catholique romaine.
Ce tableau non signé est aujourd'hui attribué à un peintre italien de l'école de Giovenone (région de Susa - Piémont).
Les vitrauxLes vitraux d'origine exécutés en 1825, et de mauvaise facture ont été remplacés par un projet de 1859, dans lequel il était dit que ces vitraux devraient concourir à l'ornement de la cathédrale et répondre dignement aux beautés architectoniques de cette abside du XIV ème siècle.
La confection des nouvelles verrières est confiée à l'atelier du Carmel du Mans.
Les trois verrières centrales sont dédiées à la vie du Christ. De gauche à droite, son enfance, sa vie et sa passion.
Les autres représentent quatre des saints patrons de la cathédrale : St Pierre, St Paul, St Oyend et St Claude.Les grandes orguesPour chanter les louanges de Dieu, il fallait donner une voix à ce grand vaisseau de pierre. En 1840, sur sa demande, la ville de St Claude reçoit un devis de la maison Daublaine-Callinet, facteur d'orgues à Paris, et un second de la maison Boileau, menuisier à Paris pour l'édification d'une tribune destinée à recevoir l'instrument.
Les travaux commencent en 1842 et se terminent un an plus tard.
Le buffet de style Restauration comprend trois tourelles, une plate au centre et deux arrondies aux extrémités.
La châsse de Saint-Claude
En bois doré, cette châsse renferme une effigie en cire de Saint-Claude. Le corps du saint fut conservé intact jusqu'en 1794 date à laquelle il fut brûlé. Une partie des ossements (l’auriculaire gauche) recueillie par un habitant est conservée dans un petit reliquaire.
Cette châsse est présente depuis le milieu du XIX ème siècle sur l'autel de la chapelle sud. On aperçoit au dessus de cette chapelle le retable de St Oyend.
Ex voto Le jubéÉdifiée à la toute fin du siècle dernier, cette monumentale grille en fer forgé, simule le jubé d'origine qui était appuyé sur les stalles alors perpendiculaires à la nef et qui fermait le chœur, séparant ainsi religieux et laïques entre la cinquième et la sixième travée.
Ce nouveau jubé qui remplace une table de communion basse érigée quelques dizaines d'années auparavant redonne à la cathédrale un peu de son lustre premier.
Passons ce jubé et pénétrons dans ce que je considère personnellement comme le trésor de cette église.Les stallesEn 1768, au mépris de leur structure linéaire, elles furent disposées dans l'abside.
Puis jusqu'en 1867 adossées au jubé, elles délimitaient le chœur liturgique
Aujourd'hui installées parallèlement à la nef, on distingue les stalles nord et les stalles sud.
Sculptée au XV ème siècle sous la direction d'un bourgeois de Genève Jehan de Vitry, cette œuvre à laquelle ont participé nombre d'artistes locaux, a exigé trente années de patient labeur.
Qu'il s'agisse de scènes profanes où les diablotins s'acharnent sur manants et pécheresses ou de scènes religieuses où défilent moines, prophètes et apôtres, qu'il s'agisse de panneaux retraçant la vie des saints ou évoquant la vie la plus familière, tout ici est pure merveille.
Ce témoignage de notre passé faillit disparaître en fumée dans un incendie le 26 septembre 1983. Au cours de cette nuit maudite, la totalité des stalles sud, le clavier de l'orgue de chœur, des peintures et bien d'autres choses ont irrémédiablement brûlés.
Après une longue discussion sur ce qui devait être entrepris pour essayer de réparer les dégâts de ce sinistre, une énorme documentation iconographique réunie sur place à St Claude a permis d'envisager une reconstitution à l'identique.
Deux ateliers ont été sollicités, l'atelier Fancelli à Alfortville comme maître d'œuvre et l'atelier Perrault à Angers pour la sculpture des parcloses.
Après dix années d'effort, le chœur de la cathédrale avait retrouvé sa superbe.
L'inauguration eut lieu le 15 novembre 1995.
Avec celles de la cathédrale d'Amiens, on peut dire que la cathédrale de St Claude abrite les plus belles stalles de France.
Les dernières interventionsDepuis cette très lourde intervention sous l'égide du ministère de la culture, une restauration des parties extérieures est en cours. Les vitraux principaux avaient fait l'objet d'une restauration générale après l'incendie des stalles.
Les verrières situées au dessus des collatéraux avaient elles aussi souffert de la chaleur. Principalement réalisées avec du verre transparent, on a préféré les refaire entièrement.
Un carré rouge part du bas de la première verrière du collatéral nord, monte jusqu'au point le plus haut du dernier vitrail de ce collatéral, et redescend le long des verrières du collatéral sud.
On peut y voir la progression du soleil pendant une journée par exemple. Coté sud, ces vitraux apportent pendant les journées ensoleillées de bien jolies couleurs dans la nef.
Avant de clore ce sujet, je tenais à vous dire que, à titre personnel, j'ai pour ce monument un attachement tout particulier. Cette cathédrale est mon église paroissiale et, à ce titre, elle a été le témoin depuis que l'on m'y baptisa, des scènes les plus joyeuses, comme des scènes les plus tristes de ma vie. Au cours des soixante dernières années, je l'ai vu se transformer, souffrir dans les flammes, puis, tel le phœnix, renaître de ses cendres. Je la vois souffrir de la pollution urbaine, puis se refaire une beauté sous les soins bienveillants des restaurateurs. Je l'ai vu se parer de rouge lorsque l'on refit son toit de cuivre. C'est pour moi une amie.
"Objets inanimés avez vous donc une âme, qui s'attachent à notre âme et la force à aimer?"
René JV pour monjura.actifforum.com, le 11 août 2006 Photos: René JV - 11 août 2006 Autres photos: Ministère de la Culture mp3: - Cantate bwv 147 - "Jésus que ma joie demeure" - JS Bach - M. Bouvard Pour continuer la visite: La chapelle de Chaumont, cliquez sur l'image ci-dessous:
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